J’ai toujours aimé les histoires. Les lire, les imaginer, les raconter. Parcourir des pages, voyager sans quitter mon fauteuil, me plonger dans des univers inconnus…

J’ai aussi toujours éprouvé une tendresse particulière pour les objets du quotidien et plus encore pour ceux qui ont une histoire. J’aime me rappeler d’où ils viennent, les circonstances dans lesquelles ils sont arrivés en ma possession, savoir qui les a tenus avant moi, qui les a fabriqués et imaginer leur trajectoire quand celle-ci m’est inconnue.

J’ai enfin toujours été sensible à ces petits détails du quotidien (et plus encore à mesure que je prends de l’âge !) : la petite fleur qui pousse dans une fêlure du bitume sur le chemin de l’école, l’érable du coin de la rue qui semble être en feu en ces mois d’automne, la lumière qui éclaire les journées froides et ensoleillées d’hiver et projette ses ombres dans mon salon, la brise qui agite légèrement la lavande sur la terrasse, la jolie tasse réalisée par une artisan du coin dans laquelle je verse mon thé du matin, les illustrations des albums enfants que je collectionne (plus ou moins) secrètement …

Et puis bien sûr, j’aime les choses qui prennent du temps pour mûrir et se révéler : le processus de création d’un vêtement tricoté, le choix des matières et des couleurs qui vont le constituer, les longues heures passées à le réaliser, depuis sa représentation dans ma tête en passant par la teinture végétale qui me permettra de poser sur une de mes matières préférées des couleurs qui se seront développées lentement dans mes chaudrons, jusqu’aux notes finales des finitions…

C’est de la combinaison de toutes ces choses que je chéris qu’est né mon premier objet (pas le tout premier à vrai dire, mais celui-ci a été le fruit d’un travail plus intentionnel que mes précédents essais), le coussin « Les Heures Douces » : alors que je réfléchissais à un assemblage de matières et de couleurs pour offrir un kit de tissage à une amie, j’ai eu envie de créer mon propre tableau, d’imaginer une pièce qui permettrait à la fois à chacun des éléments rassemblés d’exprimer sa singularité tout en constituant un ensemble harmonieux.

Raconter une histoire. Choisir soigneusement ses couleurs et ses matières. Les assembler pour former un tout. Partir à la recherche de matières nobles, locales, responsables. Tester. Explorer. Défaire. Tricoter. Des heures. Écrire. Peindre. Calligraphier. Mettre en lumière. Se laisser inspirer par la couleur du ciel, la température extérieure et les saisons, l’atmosphère. De l’unique, du durable. Du rustique et du délicat.

Un peu de beauté, de poésie et un monde de douceur pour s’abriter de la rudesse du monde.

Quand je travaille un fil pour le faire passer du statut d’écheveau à celui d’objet, c’est à cela que je pense : quel motif conviendra le mieux à ce fil si fin et à la couleur si délicate ? Quel point le mettra le mieux en valeur ?

Quand je l’entoure d’autres matières et d’autres couleurs, cela me ramène à la réalité de la différence entre les êtres, à leur singularité mais aussi à leur similarité. C’est l’occasion pour moi de créer de l’harmonie, de faire converser des entités différentes, de convoquer du beau au milieu de l’ordinaire et de me rappeler de la puissance créatrice qui m’habite.

Ces objets uniques sont non seulement des ouvrages artisanaux, ils sont des odes à la vie, au temps, à tout ce qui vaut la peine d’être vécu et expérimenté dans ce monde.

Pièces uniques, pensés pour accompagner les petits et les grands moments, ils sont fait pour traverser la vie à nos côtés. Comme des invitations à ralentir, à regarder de plus près le monde qui nous entoure, à savourer la douceur des moments simples.

Une maille après l’autre. Une histoire après l’autre.

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