Il y a les jours où le temps semble se suspendre, où le rythme ralentit, où les efforts engagés, les idées germées, les choses réalisées pâlissent et perdent de leur saveur.
Il y a les jours de l’immobilité, avec cette sensation au pire des cas d’un retour en arrière, au mieux de celle de faire du sur-place, l’impression d’être au creux de la vague, dans un repli intérieur où tout se recroqueville.
Il y a les jours de la culpabilité qui affleure, du sentiment de tourner en rond, des questions existentielles, des « pour quoi j’ai fait tout ça déjà ? », des horizons voilés.
Il y a les jours où l’on peine à distinguer les contours d’un avenir incertain, où l’incertitude nous épuise et où le découragement guette.
Et puis il y a les autres. Les jours des explosions de vie, des débauches d’énergie, des projets qui fusent, des mille choses entreprises, des trop, beaucoup trop d’idées, les jours où l’on surfe sur la vague et où l’on se laisse porter, les jours où 24 heures (enfin beaucoup moins en ce qui me concerne, je ne travaille pas souvent la nuit) ne sont pas suffisantes pour accomplir tout ce qui est en marche.
Les jours où tout paraît possible, où un rien nous nourrit et suffit pour allumer une étincelle qui se propage même quand il n’y a pas de vent.
Les jours où les histoires jaillissent, où les couleurs parlent, où mon monde intérieur est embrasé, où mes doigts s’activent et où je pourrais faire, encore et encore.
Mais il y a aussi les saisons.
Celles où les jours lents prennent le dessus et se succèdent les uns aux autres, nous amènent au bord du vide et nous abandonnent là, suspendus dans l’attente.
Et celles des jours tourbillonnants qui nous entrainent dans le faire et ne nous laissent aucun répit, où notre agitation semble sans fin et le repos impossible.
J’ai appris, au fil du temps à être attentive à ces saisons, à les reconnaître et à les accepter.
À ne pas chercher à accélérer les jours lents.
À traverser les jours exubérants sans fébrilité.
Je me suis même aperçue que les jours lents, quand ils sont débarrassés de cette méchante culpabilité, viennent souvent nourrir mes jours explosifs et leur donner un sens, les ancrent dans la réalité de mes questionnements, parfois même de mes errances. Comme le rythme des vagues ou d’une respiration. Dedans, dehors.
J’apprends à trouver la paix dans le ralentissement et à accueillir les questions qui se posent en acceptant de ne pouvoir y répondre, là, tout de suite. J’y vois une occasion de rassembler mes forces avant de me propulser dans le faire.
Mon sur-place n’est plus stérile mais se transforme en jardin à cultiver.
Mon manque de perspective me pousse à revenir à l’essentiel, à reposer mes questions, différemment.
Mon horizon voilé me permet de changer la direction de mon regard, de plonger dans les profondeurs.
Mes jours lents sont une gentille tape sur l’épaule, un rappel aimable que je ne suis pas seulement invitée à faire mais surtout à ÊTRE. À respirer, à exister.
Bien sûr, je continue de faire ces jours là mais pas de la même place.
Et mes jours d’énergie folle, j’apprends à prendre le temps. À ne pas laisser la machine s’emballer mais à être intentionnelle. À ne pas sauter d’un projet à l’autre, à ne pas diluer le sens de ce que je fais dans un océan d’activités.
J’en veux parfois à ce monde de ne pas nous donner ce temps, de nous pousser à faire toujours plus et toujours plus vite. Alors je le prends moi-même. Tant pis si ça fait tâche sur mon CV ou suscite quelques incompréhensions.
Après tout je suis celle qui vis ma vie, c’est moi qui suis responsable de la façon dont je gère mon coeur, mon temps et mon énergie. Personne ne peut le faire à ma place.
Alors je respire.
Dedans.
Dehors.
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Laurie 27 juin 2018
Très bel article… Je ne peux qu’y souscrire…
Est-ce que tu connais le blog Les mots Ailés ? On n’y parle pas tricot, mais plein de jolis mots aussi, il pourrait te plaire.
Amitiés,
Laurie
Tricotencours_ 27 juin 2018
Merci Laurie ! Non je ne connais pas, je vais aller y faire un tour, merci beaucoup ! Au plaisir !
Marianne 27 juin 2018
Que j’aime toujours autant te lire ! Oui je connais ces jours où l’on pourrait gravir l’Everest, où l’on se sent sur le toit du monde, juste ouvrir les bras et savoir que tout est possible et nous appartient et je connais aussi comme nous tous, ces jours où le moindre petit grain de sable prend des proportions terribles… Et Georgette qui me nargue » tu vois, je te l’avais dit « … Alors, effectivement, respirer et remercier ! Tu me manques ! Bisous
Tricotencours_ 27 juin 2018
Merci Marianne ! Et à bas Georgette ! Des bisous